Chien du Heaume
Justine Niogret
édition J’ai Lu
208 pages
« On l'appelle Chien du Heaume parce qu'elle n'a plus ni nom ni passé, juste une hache ornée de serpents à qui elle a confié sa vie. La quête de ses origines la mène sur les terres brumeuses du chevalier Sanglier, qui règne sans partage sur le castel de Broe. Elle y rencontre Regehir, le forgeron à la gueule barrée d'une croix, Iynge, le jeune guerrier à la voix douce, mais aussi des ennemis à la langue fourbe ou à l'épée traîtresse. Comme la Salamandre, cauchemar des hommes de guerre...
On l'appelle Chien du Heaume parce qu'à chaque bataille, c'est elle qu'on siffle.
Dans l'univers âpre et sans merci du haut Moyen Âge, loin de l'image idéalisée que l'on se fait de ces temps cruels, une femme se bat pour retrouver ce qu'elle a de plus cher, son passé et son identité. »
Tous mes remerciements vont à Justine Niogret qui m’a aimablement dédicacé son roman et a écouté mes plaintes concernant les personnages féminins niais dans la littérature fantasy. J’ai rarement, pour ainsi dire jamais, lu un roman qui ai autant répondu à mes attentes en matière d’originalité dans le traitement de son personnage principal. Rien que pour cela, cette lecture fut un réel plaisir.
Le résumé en dit assez long sur l’histoire sans que je n’ai besoin de reformuler. Bien plus que fantasy, ce premier roman a une dimension à peine perceptible de fantastique, où le magique n’est pas clairement explicité. J’ai été très étonné par ce réalisme au quel je ne m’attendais pas vraiment ( sans doute parce que le résumé de ma couverture est différent de celui de l’édition grand format ) mais aussi agréablement surprise. L’époque n’étant pas clairement daté, je la situerait au début de Moyen-Âge quand l’église peinait à s’imposer et que la culture païenne était encore encrée dans la vie quotidienne du peuple. On est donc dans une situation de transition qui est très bien exprimée par le malaise du chevalier Sanglier. Le lecteur sentira un glissement que j’espère retrouver dans le tome suivant.
Le point fort de ce récit est surtout son personnage principal, Chien de Heaume, qui n’a rien de la damoiselle auquel nous sommes habitué dans tout type de littérature confondue : elle n’est pas jeune, pas belle, pas gentille, elle n’est même pas serviable et je dirai même qu’elle est assez cruelle à sa manière. Mais elle manie la hache comme personne et gare à celui qui se trouve en face. Autour de ce personnage gravite un univers de violence, très fidèle à celui du Moyen-Âge et bien éloigné des récits de Chevalerie dont Chrétien de Troie nous a nourrit. Les personnages sont tous très « dur » à leur manière, et même les enfants sont capable d’une grande cruauté. Chien de Heaume dégage une certaine maturité dans ses relations avec autrui et dans son rapport avec le monde, une maturité violente mais peut-être pas aussi terrible qu’elle n’y parait.
Le style moyenâgeux est très agréable à lire, même si l’utilisation régulière de mots en ancien français ( notament Oje/Naje ) m’a un peu gênée car Oui/Non auraient tout aussi bien fait l’affaire et que je ne voyais pas l’interêt de les utiliser. Cela dit c’était une opinion purement personnelle et les lecteurs étranger à notre bonne vieille langue sauront s’y retrouver grâce à un lexique très amusant situé en fin de livre.
Le seul véritable reproche que je pourrai faire à ce roman, et ce qui l’a éloigné du coup de cœur, c’était l’intrigue principale qui ne fait pas figure de fil conducteur et qui est résolue un peu trop facilement et un peu trop vite à mon goût. Par dessus tout, elle donne au roman un aspect un peu décousu. Mais ça n’a nullement gêné la lecture, même si ça en a un peu ralentit le rythme. Une petite déception pour ce récit introducteur que j’espère voir corrigée dans le tome suivant et qui n'a nullement gâchée mon plaisir. Bref, ce n’est pas un coup de cœur, mais ça n’en est pas loin et j’ai passé un excellent moment de lecture.
Impression : Très bonne
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