samedi 21 juin 2014

Gardiens des cités perdues

Gardiens des cités perdues
Shannon Messenger
510 pages
Editions Lumen


" Depuis des années, Sophie sait qu’elle n’est pas comme tout le monde. Elle se sent à part à l’école, où elle n’a pas besoin d’écouter les cours pour comprendre. La raison ? Elle est dotée d’une mémoire photographique… Mais ce n’est pas tout : ce qu’elle n’a jamais révélé à personne, c’est qu’elle entend penser les autres comme s’ils lui parlaient à voix haute. Un casque vissé sur la tête pour empêcher ce bruit de fond permanent de la rendre folle, elle se promène un matin avec sa classe au musée d’Histoire naturelle quand un étrange garçon l’aborde. Dès cet instant, la vie qu’elle connaissait est terminée : elle n’est pas humaine et doit abandonner son existence entière pour rejoindre un autre univers, qu’elle a quitté douze ans plus tôt. L’y attendent une pléiade de nouveaux condisciples, amis et ennemis, et une question obsédante : qui est-elle ? Pourquoi l’a-t-on cachée dans le monde des humains ? Pourquoi n’a-t-elle que des souvenirs partiels de son passé ? Un premier roman baigné de magie, dont la fantaisie et le sens du suspense font des miracles, et où éclate le talent indéniable de Shannon Messenger. Un nom à retenir ! "


Je me permets de faire une aparté sur la qualité de l’objet livre et le travail des éditions Lumen. La couverture par Jason Chan est superbe ( J’espère que Lumen gardera aussi celle du deuxième tome parce qu’elle est toute aussi belle ), le format est parfait, le papier agréable et je suis contente de savoir que ce livre n’a pas participé à la déforestation amazonienne ( ma dernière lubie est de vérifier si mes livres sont éco-responsable ). Je ne peux pas me prononcer sur la fidélité au texte original, mais la traduction est très bonne et très fluide. J’espère que cette jeune maison d’édition perdurera encore longtemps.

 Ce livre n’est pas un coup de cœur, mais c’est un très, très bon roman pour la jeunesse ( ou les grands enfants ), qui se lit avec beaucoup de plaisir et se dévore très rapidement en dépit de 500 pages qui pourraient en rebuter certains. L’histoire est somme toute assez classique et rappelle beaucoup de romans jeunesse qui se trouvent dans la lignée d’Harry Potter : une héroïne mal aimée se découvre des origines surnaturelles et change d’univers pour y trouver sa véritable place. On sent pourtant qu’il y a bien plus et ce premier tome ne nous donne pas toutes les réponses. Il y a de quoi être intrigué et j’aime énormément la direction qu’a l’air de prendre l’histoire

En revanche je n’ai pas été époustouflée par l’univers. Il m’a un peu déçu parce que j’avais d’autres attentes. J’aurais aimé quelque chose de plus naturel, de plus humble sans doute, moins chargé en pierres précieuses, mais c’est une simple appréciation personnelle. Du point de vue narratif, le livre commence en force et tient en haleine jusqu’à la fin du récit. Il y a ce qu’il faut de descriptions et de dialogues. Rien ne m’a semblé superflu

 Je me suis attachée aux personnages, mais sans plus pour la plupart, à l’exception des tuteurs de Sophie que j’ai trouvés très touchants et de Keefe qui est officiellement mon personnage préféré. Je suis encore très intriguée par le Projet Colibri et surtout par l’organisation qui, je l’espère, nous réservera de bonnes surprises et ne fera pas tomber le livre dans des clichés attendus. Il est difficile de dire quelle direction prendra l’histoire mais j’ai bon espoir pour que la saga devienne un grand succès de librairie mérité avec une récit de plus en plus travaillé et original au fil des tomes. 

 Beaucoup d’aspects du livre m’ont dérangée malgré tout : La vision du monde est assez manichéenne ( les méchants très méchants et les gentils parfaits ), sans parler du mode de vie des elfes  : les gens beaux, gentils et talentueux d'un côté, les autres à la poubelle, et en plus on nous apprend que vivre moins bien que les autres leur va très bien, même s’ils sont constamment dénigrés et moqués par la haute-société. C’est un peu gros tout de même.

 Même chose pour l'école. Si vous n'avez pas de prédispositions, aucune chance de vous en sortir, alors que dans la vraie vie, alors que beaucoup d’enfants sont en difficulté scolaire pendant des années et parviennent à se redresser grâce à leurs efforts et à leur travail. Il y a aussi ce mythe du génie naturel qui sait tout sans rien apprendre et qui tend à m’énerver parce qu’il n’a aucun sens ( Keefe en est l’illustration même si c’est le personnage que je préfère ). 

 Cela dit ces derniers points vont assez bien avec la mentalité des elfes qui ne sont pas si parfaits qu’ils n’y paraissent. Ils se moquent totalement de la mort des humains et se considèrent comme unes espèce supérieure alors qu’hormis l’immortalité, la richesse et les pouvoirs magiques, il m’ont surtout parut hautains. J’espère que nous aurons droit à une petite critique de leur peuple dans les prochains tomes.


 J’ai noté d’autres défauts, mais j’aurais peur que ceux ci vous rebutent et vous empêche d’aller le lire et ce serait vraiment une perte. Gardiens des Cités Perdues est une saga à suivre de toute urgence. Elle m’a rappelle Tara Duncan et Harry Potter dans les bons côtés et les travers que je leurs accordent à tous les deux. Je pense que beaucoup apprécierons ce retour en enfance et cette aventure épique.


 Impressions : Excellent premier roman. La suite nous dira si c'est bel et bien destiné à devenir une saga de qualité. À lire absolument pour les amateurs de littérature fantasy jeunesse.

vendredi 21 février 2014

Le pays des contes, tome 1 : Le sortilège perdu



Le pays des contes, tome 1 : Le sortilège perdu

Chris Colfer
édition Michle Lafon
414 pages


« Il était une fois, dans une ville parfaitement ordinaire, des jumeaux prénommés Alex et Conner… Le jour où leur grand-mère leur offre un livre ancien, Le Pays des contes, leur vie plutôt morose change du tout au tout.Et pour cause !Ce grimoire se révèle magique et les transporte dans un univers où les contes sont devenus réalité. Sauf que ce monde est beaucoup moins merveilleux que celui des belles histoires qu’ils ont lues. Boucle d’Or est une criminelle recherchée, Blanche Neige dissimule un lourd secret, et le Petit Chaperon Rouge n’a même plus peur du loup. Pour rentrer chez eux, Alex et Conner n’ont qu’un seul moyen : rassembler huit objets magiques comme la pantoufle de Cendrillon ou encore des cheveux de Raiponce, tout en tentant d’éviter les foudres de la Méchante Reine. Car cette dernière semble avoir un plan machiavélique qui pourrait bien piéger les jumeaux dans cette étrange contrée. À tout jamais. »


 J’avais entendu tant de bien de ce livre que j’avais faillit me le procurer en anglais, mais j’ai finalement prit mon mal en patience en apprenant qu’il allait être traduit. Ce livre n’est clairement pas mauvais, loin de là, mais j’ai quelques déceptions qui se jouent à de menus détails

L’histoire est agréable, bien pensée, bien construite. Pour un lecteur plus âgé, et c’est surement en cela que ce livre s’adresse à la jeunesse, certaines révélations ( surtout sur la fin, ceux qui l’auront lu comprendront ) se sentaient à des kilomètres à la ronde, mais il n’est pas certain qu’un lecteur plus jeune aurait perçu les indices aussi je me garde d’en faire un point noir. La narration est, d’une certaine manière, assez linéaire. Les enfants se contente d’aller d’un point à un autre pour retrouver les objets dont ils ont besoin. Cela pourrait-être une faiblesse mais l’auteur évite d’être rébarbatif en ponctuant le récit de nombreuses aventures. Le tout s’avère finalement très distrayant même si les héros parviennent presque trop facilement à récupérer les objets. 

 Concernant les personnages, j’avoue que je ne m’y suis pas du tout attaché, ni à l’un ni à l’autre. Pour le coup c’est un avis très personnel et je pense que ça a beaucoup miné ma lecture. L’émerveillement d’Alex a fini par m’agacer de même que les plaintes de Conner. D’autre bloggeurs/bloggeuses seraient d’un avis contraire alors n’hésitez pas à chercher d’autres critiques. Disons qu’Alex était un peu trop parfaite, et bien que Conner m’agaçait tout autant je l’ai parfois trouvé plus sensé que sa sœur. Pour les autres personnages, certains m’ont parut intéressant, d’autres m’ont plutôt énervé : le petit chaperon rouge était trop caricatural à mon goût. Il m’a fait penser à toutes ces méchantes rivales des films pour adolescents qui manquent totalement de profondeur. Je suis certain qu’il y avait bien mieux à faire avec ce personnage, même en la rendant antipathique Je sentais qu’on voulait la rendre comique mais ça ne m’a pas du tout amusé. 

Sur la structure, je dois avouer que l’objet livre est déjà très beau, tant la mise en page que la couverture, les chapitres sont d’une bonne taille et les l’auteur a une écriture concise et claire, idéal pour un auteur jeunesse. Un bémol malgré tout : j’ai trouvé plusieurs maladresses d’expression qui auraient put être évitées sans peine. C’est du menu détail, mais on est jamais trop perfectionniste sur ces choses là. En revanche je ne sais pas si c’est du fait de l’auteur ou du traducteur.

 Je dois dire que je ne suis pas une grande fan de contes de fées. Contrairement à beaucoup je n’en ai pas la nostalgie, mais ce n’est pas pour autant que je ne sais pas reconnaître un bon livre quand j’en ai un dans les mains ( mention spéciale au roman Le livre des choses perdues de John Connolly ). En l’occurrence, Le pays des contes tome 1 a beaucoup de défauts : peut-être aurait-il mieux valut prendre un autre axe narratif et se concentrer sur quelques personnages plutôt que de tous les montrer, d’autant plus que d’autres tomes sont prévu et que l’auteur aurait eut tout le temps de développer les autres personnages dans les suites. Cela dit la lecture est très agréable. Les maladresses sont celles d’un jeune écrivain et le tome à venir est prometteur. Je le lirai sans hésitation. 


Impression : Lecture agréable malgré quelques maladresses. Auteur à suivre.






vendredi 7 juin 2013

Chronique spéciale : L'Histoire sans fin



 Petite pause dans mes lectures habituelles. Voilà quelque chose que je voulais faire depuis un petit bout de temps : une analyse comparatiste entre un livre et son adaptation cinématographique. Beaucoup se plaignent que ça ne sert à rien, que ce sont deux choses différentes et que de toute façon le réalisateur est obligé de changer des éléments blablabla …
 Mise au point immédiate : Ce genre de chronique ne servira pas à dire qui du film ou du livre est le meilleur en se basant sur la fidélité au texte ou au degré d’excellence de l’adaptation, mais plutôt de voir comment le cinéma s’approprie une œuvre et la transforme, ce qu’il s’y trouve de bien et de mal, ce qu’on apprécie ou ce qui déplaît, avec un dimension tout de même personnelle. 
 Première chronique de ce genre donc, et je la dédie à : 


L’Histoire sans fin
( livre par Michael Ende et film par Wolfgang Petersen )



 Michael Ende publia en 1979 un roman sous le nom de Die Unedliche Geschichte qui devint par la suite un succès mondial. Considéré comme un roman pour la jeunesse, il a été et est toujours très apprécié par les adultes pour son inventivité et l’imagination foisonnante qui s’en dégage. A titre personnel, il m’a beaucoup rappelé l’univers de C.S. Lewis, Le monde de Narnia. Je crois que l’on peu affirmer sans trop d’hésitation que ceux qui ont aimé ce roman aimeront aussi celui ci, et je le hisserai sans trop de scrupule au même niveau que cet auteur anglophone mondialement reconnu. Mais chaque chose en son temps. Que nous raconte L’histoire sans fin ? 




L’Histoire sans Fin
Michael Ende
Edition Le livre de poche
498 pages

« Bastian, un garçon de dix ans, déroba un jour un livre ancien qui le fascinait et se réfugia au grenier pour le lire. Un livre pas comme les autres...Il y était question d'un pays fantastique où vivaient une toute petite impératrice, des elfes, des monstres, un garçon à la peau verte...Un pays menacé de mort et rongé par un mal étrange. Et voilà que Bastian, irrésistiblement entrait dans l'histoire, une histoire fantastique qui recommençait avec lui, L'Histoire sans fin... Le roman de Michael Ende est un plaidoyer passionné pour le droit de fantaisie, à l'imagination, un rêve, dans un monde où ils n'existent presque plus. »

 J’ai trouvé ce livre dans ma vieille bibliothèque et il a ravivé une foule de souvenir. J’ai tout de suite abandonné mes autres projets et j’ai entreprit la lecture de ce roman culte. Petite, je ne l’avais jamais fini, aussi j’ai eu le bonheur de le découvrir ce fut une joie absolue. 

Je n’aime guère ajouter de choses à ce genre de résumé. Il dit juste ce qu’il faut pour comprendre l’empleur du génie de cette histoire. C’est une mise en abîme. Un livre dans un livre. L’idée des livres magiques n’est pas nouvelle, mais dans ce cas on nous racontera scrupuleusement L’Histoire sans fin, le livre à l’intérieur du roman L’histoire sans fin que l’on tient soi même entre les mains. Voilà qui a de quoi donner mal à la tête …

 Dans la version originale ( allemande donc, et la version anglaise semble en avoir fait de même ) le récit était divisé en deux couleurs différentes. L’histoire de Bastien était écrite en Rouge et celle racontée dans le livre qu’il lit, en vert. Ça a toujours été une grosse déception que mon livre n’ai jamais eu cette particularité, et à ma connaissance aucune édition française n’a suivit cette typographie. 

 L’histoire est étonnante, extravagante, extraordinaire. C’est un foisonnement d’idée imaginative comme une bombe de peinture multicolore que l’on lancerait sur une toile blanche. Chaque idée semble plus géniale, plus inventive que la précédente. Certaines sont très drôles, certaines sublimes, d’autre dramatiques. Il y a tant à dire sur l’univers qu’on ne saurait par ou commencer et je m’abstiendrais d’en dire à ce sujet car je gâcherai forcément à quelqu’un le plaisir d’une découverte, et c’est exactement le sentiment que vous ressentirez en lisant : Celui d’un voyage, un véritable voyage comme ceux qui nous transportent rarement ainsi dans un récit, à travers un monde imaginaire aux paysages tous aussi surprenant les uns que les autres et aux personnages haut en couleur. 

L’histoire sans fin comporte différents personnages plus ou moins marquant. Mais deux d’entre eux dirigent l’intrigue : Bastian et Atréyu. La première partie est principalement centrée sur Atréyu et la seconde sur Bastian. Bien que Bastian ai la primauté en matière de personnage principal, Atréyu lui dispute volontiers sa place et je crois même que je le préfère à notre héros, tout particulièrement après la première moitié du roman. En effet dans la deuxième partie il changent radicalement, mais je ne peux l’expliquer sans trop vous en dire. 

 Il faut ensuite parler du style. Assez simple, puisqu’il est supposé s’adresser à un public jeune, mais il reste très agréable, travaillé, fouillé. On y retrouve souvent une petite phrase qui fait office de Leitmotiv et qui rappelle tout au long du livre que ce récit est bondé d’histoires « Mais cela est une autre histoire qui sera conté une autre fois ». Il est à la fois bien raconté et bien écrit, ce qui fait qu’un adulte est tout aussi bien transporté qu’un enfant et cède devant la beauté de l’univers décrit. 

 Mais ce qui fait le charme de L’Histoire sans fin, c’est aussi sa morale. Ou plutôt ses morales puisqu’il en comporte deux. La première est amenée dans la première partie du livre et correspond plus à une critique de notre monde moderne, de notre perception de l’imaginaire que nous avons. C’est ma préférée des deux car elle interroge directement le lecteur sur ses propres actions, sa propre manière de considérer l’imagination et comment elle façonne le monde. Elle est d’autant plus intéressante qu’elle est amenée par l’ennemi d’Atreyu, un personnage hautement immoral.
 La seconde m’avait moins plu, sans doute parce qu’elle n’a pas la dimension universelle de la première. Elle est plus personnelle et concerne Bastian, mais également le lecteur en fin de compte. Elle reste bonne, et peut-être même aussi bonne que la première si ce n’est plus, mais la tension dramatique de la première partie qui me plaisait beaucoup a été évincée et elle manque beaucoup dans la suite du récit. 

 L’histoire sans fin est un livre magistral du début à la fin, un pilier de la littérature jeunesse et fantasy. Une lecture fluide et un texte sublime, un univers enchanteur et des personnages attachant. Il n’en faut pas plus pour faire un récit aussi prenant. S’en détourne qui pourra.







L’Histoire sans fin 

Wolfgang Petersen


« Depuis la mort de sa mère, Bastien, dix ans, s’est replié sur lui-même et s’est bâti un monde imaginaire nourri des romans d’aventures qu’il dévore. Un jour, il découvre dans la librairie du vieil excentrique M. Koreander un livre richement relié et intitulé " L’histoire sans Fin ", qui dérobe. Après s’être enfermé dans le grenier de l’école, il en commence la lecture. Dès les premières pages, Bastien se sent entraîné dans l’univers merveilleux et fantastique …

 Un superbe conte fantastique qui vous emportera au-delà de vos rêves les plus fous. Wolgang Petersen, le réalisateur de « En pleine Tempête », nous transporte grâce aux effet spéciaux dans un monde fantastique peuplés de créatures merveilleuses. »


 Chose étonnante - ou pas, la suite nous le dira - Michael Ende a détesté le film et a même demandé à ne pas apparaître dans le générique de début. On l’y a tout de même intégré dans le générique de fin. Le film dont je vais vous parlé est celui de 1984, les deux autres, pardon aux fans, ne méritent même pas qu’on en parle. 

Le support cinématographique a déjà enlevé un élément de par sa forme. Nous perdons le support du livre dans le livre. Inutile de le reprocher puisque c’était indéniable, mais le support de l’adaptation pose problème au thème de l’histoire elle même, puisque celle ci veut encourager les enfants à lire par la lecture même de cette histoire, ceci développant leur imagination, et que l’imagination est la colonne vertébrale du récit. Le roman condamnait sévèrement les nouveaux média et le film a suivit en se contentant de faire une remarque sur les jeux vidéos.

 C’est probablement une des raisons pour laquelle Michael Ende n’a pas aimé le film, bien qu’il en ai avancé d’autres. En effet, l’auteur trouvait l’adaptation trop éloignée de ce qu’il avait voulu représenter dans le livre. Il n’a pas tord. Il a beaucoup critiqué les décors et la trame narrative. Je comprend sa déception, lui qui  en était l’auteur.

 Cependant, le film, force est de constater, est excellent. Bien que radicalement différent du livre, plus par manque de moyen et de technologie avancée que par manque de volonté, n’en est pas moins intelligent, bien construit et se débrouille très bien avec les techniques de son temps pour rendre un film très beau, et encore aujourd’hui parfaitement regardable, quand certain films plus récents sont déjà usé par le temps de par leur rendu affreux. La représentation du néant était très bien trouvée ( ces gigantesque nuages qui sont sensé exercer une attraction sur nous et nous inquiéter tout à la fois ).

 Parmi les différences les plus marquantes, on note le découpage du récit. Il correspond au 230 premières pages du roman. Sa moitié, à peu de choses près. Personnellement, je vois ça comme une très bonne chose. Le roman prend une toute autre direction passé cette première étape. Aujourd’hui, les éditeurs auraient très probablement incité Michael Ende à le séparer en deux tomes. La première partie du roman, celle que j’avais lue, m’avait davantage intéressée que la deuxième et se suffit presque à elle même. 

 Ce film est très riche en émotion. Ne serait-ce que pour la fameuse scène dans les marécages de la mélancolie avec Artax. La musique aide beaucoup à faire ressentir le mystère, l’aventure, le drame des situations et leur donne encore plus de profondeur. Le personnage de Falchor ( Fuchur dans le roman ) a un caractère très appréciable. Là où il semble grave dans le roman, il a un attitude très douce, complice et presque paternelle avers Atreyu. Il est davantage considéré comme un ami que comme une simple monture. 

 Parlons en de la musique : elle est sublime. C’est une bande son typique des années 80, avec des son électroniques qui sonne un peu vieux de nos jours. mais le thème principal est superbe et évoque très bien l’aspect aventure, voyage, fantastique et épopée épique qui y sont représenté. 

 Par manque de moyen en sans doute de temps, de nombreux éléments ont été supprimés, alors qu’une grande partie du récit a déjà été amputé. Si toutes les représentations étaient magnifique une m’a déçue : celle de l’Oracle, très éloignée du livre qui ne demandait pas des moyens démentiel loin de là et qui, dans le film, faisait doublon avec la première porte. J’ai également regretté le fait que certaines explications ai été occultées. Des questions étaient toujours restée sans réponses à l’époque où je n’avais pas lu le livre, et je n’ai trouvé d’explication que par la lecture, là où une adaptation devrait se suffire à elle même. Un dernier point également, à la fin du film, le personnage de Bastian semble tomber dans les travers qu’il avait dépassé dans le livre. C’est une assez grosse déception. 


 Quoi qu’il en soit, tout ceci n’empêche pas au film de Petersen d’être excellent, un très bon divertissement et armé d’une sublime morale, avec des personnage attachants et hauts en couleurs. 





Impressions : Double coup de Coeur pour le livre et le film 



lundi 3 juin 2013

Le songe d'Adam

Le songe d’Adam

Sébastien Péguin
éditions de L’Homme Sans Nom
395 pages


« Allemagne, Forêt-Noire, de nos jours.

C’est dans ce cadre magnifique que s’installent Hugo, chercheur dans le domaine des lettres, et sa fille Morgane, inventive adolescente. Mais la Forêt-Noire est également le cadre de légendes ancestrales, dont certaines seraient peut-être bien plus que de simples légendes…
Et lorsque Morgane commence à percevoir des choses qui ne devraient pas exister et que les fantômes du passé du père et de la fille semblent devenir plus que des souvenirs, l’horreur surgit, et les disparitions au cœur des bois trouvent une explication que l’esprit humain ne peut concevoir… »

 Il faut le reconnaître, ce livre m’a beaucoup tenté. Il me rappelait les romans fantastiques du XIXème siècle, Le Horla entre autre, à l’époque où le fantastique était lié de très près à l’occulte et au terrifiant. La couverture de Magali Villeneuve est sublime ( même si les photos que l’on trouve sur internet ne lui rendent pas hommage. Les couleurs rendent mal ), mais j’hésitais, sans doute par peur d’être déçue. Avoir rencontré l’auteur m’a décrispée et je crois que c’est la meilleure chose qui pouvait m’arriver. De ceux que j’ai acheté, c’est celui au quel je faisais le moins confiance et je n’ai pas été déçue. Décidément je n'ai eu que des bonnes surprise aux Imaginales car c’est un très bon roman du genre. 

 J’avoue n’avoir pas lu de roman fantastique depuis longtemps, mais celui ci répond à tous les codes qui me plaisaient dans ces récits : l’aspect horrifiant, les références à la religion ou à la mythologie et le suspense ; le tout est très bien maîtrisé. Le livre n’a pas de longueurs, du moins je n’en ai pas trouvé. J’ai eu un petit coup de mou à peine perceptible entre la partie une et la seconde, mais qui s’est très vite évaporé. On ne décroche pas facilement du récit. Je l’ai pour ainsi dire lit d’une traite ou peu s’en faut. 

 Parlons de l’horreur. Je l’ai trouvé assez présente dans le roman. Personnellement ça ne m’a absolument pas gêné car c’est un aspect de j’adore, surtout s’il est bien amené et bien décrit. Les deux conditions sont ici remplies. J’ai eu le malheur de lire une bonne partie du roman de nuit et je n’ai jamais autant maudit ma maison grinçante. On a droit à beaucoup de scènes malsaines et d’autre carrément gore, aussi je déconseillerai aux âmes trop sensibles de s’y jeter, mais les amateurs de frissons s’y retrouveront.

 La particularité du roman tient surtout du fait qu’il est remplie de références mythologiques, théologiques et littéraires. Le personnage principal est un professeur en pleine rédaction de thèse et l’intrigue est basée sur des découvertes et des analyses de textes. Certains s’en trouveront agacés et submergés par le flux de références. Il est vrai qu’on a parfois l’impression de lire un livre trop chargé, mais finalement cela ne m’a pas dérangé puisque tout est exploité. Cette insistance m’a donné l’impression que l’élément fantastique à l’origine de tout était plausible et cohérent, autant que peu l’être une telle histoire. On sent qu’il y a eu une réelle recherche pour la création de l’ouvrage. 

 La seule chose qui m’a peut-être dérangé réside dans le traitement des personnages. Hugo et Morgane, sans être désagréables, ne m’ont pas particulièrement marqué. La manière dont Hugo se fait remarquer qu’il est un homme de savoir m’a semblé manquer d’humilité. Au départ, j’ai même eu un doute sur l’âge de Morgane, à cause de sa manière de s’exprimer avec son père, qui m’a fait croire un instant qu’elle aurait aussi bien pu avoir neuf ans. Je trouvais son attitude, ses jeux, trop éloignés de ceux d’une adolescente. Cela dit, ce même personnage m’a intéressé parce que contrairement à certains romans qui en disent le moins possible sur leurs protagonistes pour que les lecteurs s’y identifient, ici, Morgane a des goûts et très personnels, tel que son attrait pour la corrida, un sport que je répugne, mais j’ai apprécié de voir un personnage dont je me détachais, qui avait ses propres goûts et ses propres passions, très différentes des miennes.

 Faisant hommage à Stephen King dans sa dédicace j’étais un peu inquiète car je n’aimais guère le style de cet auteur. Mais le style est travaillé même si on sent la patte du jeune écrivain. Il y a quelques maladresses de répétitions et des descriptions s’attardant sur les pensées des personnages que j’aurai aimé plus implicites, mais de manière générale, il y a un travail plus que correct sur le texte et surtout, l’histoire est très bien raconté, ce qui fait que le lecteur est véritablement plongé dans l’histoire et peut ressentir l’angoisse des personnages. 

 En bref, c’est un très bon roman et premier roman, éloigné de ce que j’ai pu lire dernièrement et qui m’a beaucoup plu malgré quelques petits notes dissonantes, mais je crois qu’il déplaira à beaucoup pour les même raisons qui me l'ont rendu passionnant. Aussi je dirai qu’il n’est pas à mettre entre tous les mains, et est surtout réservé à ceux qui aiment la philosophie, la littérature, le fantastique et l’horreur. 



Impression : Très bonne


samedi 1 juin 2013

Bilan du mois de mai



Premier mois sur la blogosphère. Il est temps de faire un petit bilan tardif. J’ai lu huit livres : un receuil de nouvelles, un album, six romans, et j’ai fait un abandon. 


Le Royaume de Tobin, Lynn Flewelling

  Une lecture très agréable et passionnante. Durant 700 pages le rythme de lecture ne s’est pas essoufflé. Les personnages sont attachants, l’histoire intéressante et la narration bien menée. J’ai été étonnée par la l’absence d’action, souvent très - voir trop - présente dans les romans de fantasy.  Le premier tome pourrait être résumé en quelques lignes et c’est un récit qui prend clairement son temps pour mettre en place une intrigue. Mais c’est loin d’être un défaut, et je fais confiance à Lynn Flewelling qui m’avait éblouie avec le quatrième tome de Nightrunner pour me surprendre dans les volumes suivant de cette trilogie.



Je m’habillerai de nuit, Terry Pratchett

 Une très bonne lecture. J’ai été un peu déstabilisée par le fait que ce récit s’inscrivait dans un cycle et que je n’avais encore lu aucun roman du disque-monde, mais ça ne m’a pas énormément dérangée. J’en garde un bon souvenir avec une histoire de magie et de sorcière comme je les aime, marquée par un humour certain qui m’aura bien fait rire. J’ai adoré les personnages, mais j’ai une petite réserve au sujet de l’intrigue principale que j’ai trouvée noyée dans la vie quotidienne de Tiphaine. Ma seule petite déception personnellement.






Le trône de fer, George R.R. Martin

 Mon coup de cœur du mois. Le livre est merveilleusement bien écrit, même si certain se plaindront de la traduction. La dark fantasy m’avait souvent déçue pour l’aspet anti-héros des personnages. Ici, il s’agit d’individu « normaux », du moins qui n’ont rien d’exeptionnel et qui ont le mérite d’avoir une psychologie travaillée. L’univers, bien que peu chargé en magie, mêle complexité et clarté ce qui le rend très accessible pour des lecteurs peu habitué au genre, et le point fort du récit est évidement ses intrigues politique extrêmement bien ficelées. Je n’ai rien de plus à dire là dessus : foncez !





 Je regrette un peu d’avoir jugé  trop sévèrement ce livre qui avait de nombreux points positifs. L’histoire est très originale. J’ai beaucoup aimé le contexte, le pays, l’univers onirique et les personnages attachant. Mais cela reste une déception malgré tout car je n’ai pas réussit à me plonger dans la lecture pour une raison assez bête de typographie qui m’a énormément gêné. J’ai aussi été déçue par le style que j’attendais bien plus onirique, mais j’en ai gardé malgré tout un bon souvenir après coup de lecture et je suis contente de l’avoir eu en main. Je m’en souviendrai pour son originalité même s’il ne m’a pas transcendé. 







 L’histoire du chat Moune était distrayante, mais sans plus, et elle tendait à devenir assez vite ennuyante. Ce qui sauve le livre c’est le style de l’auteur, plutôt humoristique et assez bien construit. Le livre se concentre sur un couple, celui que forme l’auteur et sa femme et leur relation avec un chat errant. Beaucoup y retrouveront leur animal de compagnie, et c’est un livre qui s’adresse principalement aux amoureux des chats. Les autres n’y trouveront pas leur compte.





Les voies d’Anubis, Tim Powers

Je n’ai pas traîné pour abandonner ce livre. Arrivé au deuxième chapitre j’en avais plein la tête et je n'ai pas lu de la semaine tant il m’avait déçu. Le prologue m’avait l’air prometteur, le premier chapitre m’a assommé. J’ai trouvé les personnages inintéressants, leurs raisonnements sans aucune logique et leurs décisions sans aucune cohérence. Le personnage principal m'a terriblement agacée.  Le style était banal, avec très peu de recherche stylistique ce qui ne m’a pas aidé à me plonger dans le récit. Quand à l’histoire en elle même, je l’ai trouvée trop classique et trop facilement amenée. J’étais d’autant plus énervée que ce livre m’avait coûté cher. Cela dit j’ai peut-être abandonné trop facilement et je lisais en parallèle un livre très bien écrit ce qui m’a peut-être influencé. Un jour où je le rouvrirai peut-être, quand mon humeur me sera plus favorable. 




 Album très agréable dans l’ensemble. Presque un coup cœur, si il avait été plus long. J’ai regretté qu’il soit aussi court mais cela reste un très bel objet livre remplit de sublimes illustrations, un achat que je ne regrette pas. J’ai apprit des choses sur les Loups-Garous, surtout des légendes qui touchaient des régions proches de la mienne et j’en ai été plutôt contente. Une fois de plus, il faut le dire, les dessins sont très beaux et très plaisants à regarder. L’artiste est une illustratrice de talent c’est incontestable. Si vous aimez ce genre d’ouvrage n’hésitez pas.


Zoo des chimères, Chantal Robillard

Deuxième coup de cœur de la semaine. Zoo des chimère est un recueil de textes atypiques. Construit sur le mouvement Oulipo, il a le mérite d’être extrêmement travaillé sur la forme. L’histoire est par ailleurs assez bien trouvée. Je l’ai bien aimée pour son côté science fiction et j’ai apprit cette semaine pour ma plus grande surprise que le contexte était loin d’être aussi absurde qu’il n’y parait, même si les évènements qui suivent sont essentiellement fantastiques. Les textes permettent toujours au lecteur de trouver quelque chose, un indice de réflexion et j’ai beaucoup aimé cette invitation à penser. 




Chien du heaume, Justine Niogret


 Dernière lecture du mois. Sans être un coup de cœur c’était très agréable et je lirai le second tome avec plaisir. Il m’a manqué une trame principale plus marquée. On a en effet l’impression que le fil directeur se perd et est miraculeusement résolu à la fin du roman sans que le personnage se soit donné trop de mal. Mais l’histoire n’en est pas moins très plaisante. J’ai beaucoup aimé le style moyenâgeux, les personnages atypiques et le récit qui prend son temps pour se mettre en place. Je suis curieuse de savoir ce qu’il va advenir des personnages dans les tomes suivants.







Voilà pour ce premier mois. Je suis plutôt contente de mes lectures et j'ai eu peu de déceptions. Malheureusement mes obligations personnelles ne vont pas me permettre de lire beaucoup le mois suivant. J'ai préparé malgré tout une liste de ceux que j'aimerai lire en priorité.







mardi 28 mai 2013

Chien du Heaume

Chien du Heaume
Justine Niogret
édition J’ai Lu
208 pages 


« On l'appelle Chien du Heaume parce qu'elle n'a plus ni nom ni passé, juste une hache ornée de serpents à qui elle a confié sa vie. La quête de ses origines la mène sur les terres brumeuses du chevalier Sanglier, qui règne sans partage sur le castel de Broe. Elle y rencontre Regehir, le forgeron à la gueule barrée d'une croix, Iynge, le jeune guerrier à la voix douce, mais aussi des ennemis à la langue fourbe ou à l'épée traîtresse. Comme la Salamandre, cauchemar des hommes de guerre...

On l'appelle Chien du Heaume parce qu'à chaque bataille, c'est elle qu'on siffle.

Dans l'univers âpre et sans merci du haut Moyen Âge, loin de l'image idéalisée que l'on se fait de ces temps cruels, une femme se bat pour retrouver ce qu'elle a de plus cher, son passé et son identité. » 

 Tous mes remerciements vont à Justine Niogret qui m’a aimablement dédicacé son roman et a écouté mes plaintes concernant les personnages féminins niais dans la littérature fantasy. J’ai rarement, pour ainsi dire jamais, lu un roman qui ai autant répondu à mes attentes en matière d’originalité dans le traitement de son personnage principal. Rien que pour cela, cette lecture fut un réel plaisir. 

 Le résumé en dit assez long sur l’histoire sans que je n’ai besoin de reformuler. Bien plus que fantasy, ce premier roman a une dimension à peine perceptible de fantastique, où le magique n’est pas clairement explicité. J’ai été très étonné par ce réalisme au quel je ne m’attendais pas vraiment ( sans doute parce que le résumé de ma couverture est différent de celui de l’édition grand format ) mais aussi agréablement surprise. L’époque n’étant pas clairement daté, je la situerait au début de Moyen-Âge quand l’église peinait à s’imposer et que la culture païenne était encore encrée dans la vie quotidienne du peuple. On est donc dans une situation de transition qui est très bien exprimée par le malaise du chevalier Sanglier. Le lecteur sentira un glissement que j’espère retrouver dans le tome suivant. 

 Le point fort de ce récit est surtout son personnage principal, Chien de Heaume, qui n’a rien de la damoiselle auquel nous sommes habitué dans tout type de littérature confondue : elle n’est pas jeune, pas belle, pas gentille, elle n’est même pas serviable et je dirai même qu’elle est assez cruelle à sa manière. Mais elle manie la hache comme personne et gare à celui qui se trouve en face.  Autour de ce personnage gravite un univers de violence, très fidèle à celui du Moyen-Âge et bien éloigné des récits de Chevalerie dont Chrétien de Troie nous a nourrit. Les personnages sont tous très « dur » à leur manière, et même les enfants sont capable d’une grande cruauté. Chien de Heaume dégage une certaine maturité dans ses relations avec autrui et dans son rapport avec le monde, une maturité violente mais peut-être pas aussi terrible qu’elle n’y parait. 

 Le style moyenâgeux est très agréable à lire, même si l’utilisation régulière de mots en ancien français ( notament Oje/Naje ) m’a un peu gênée car Oui/Non auraient tout aussi bien fait l’affaire et que je ne voyais pas l’interêt de les utiliser. Cela dit c’était une opinion purement personnelle et les lecteurs étranger à notre bonne vieille langue sauront s’y retrouver grâce à un lexique très amusant situé en fin de livre. 

 Le seul véritable reproche que je pourrai faire à ce roman, et ce qui l’a éloigné du coup de cœur, c’était l’intrigue principale qui ne fait pas figure de fil conducteur et qui est résolue un peu trop facilement et un peu trop vite à mon goût. Par dessus tout, elle donne au roman un aspect un peu décousu. Mais ça n’a nullement gêné la lecture, même si ça en a un peu ralentit le rythme. Une petite déception pour ce récit introducteur que j’espère voir corrigée dans le tome suivant et qui n'a nullement gâchée mon plaisir. Bref, ce n’est pas un coup de cœur, mais ça n’en est pas loin et j’ai passé un excellent moment de lecture. 



Impression : Très bonne


lundi 27 mai 2013

Zoo des chimères

Zoo des Chimères
Chantal Robillard
Argemmios éditions
103 pages



« C'est l’histoire d’un parc zoologique, situé – devinez où ? Pas sur Terre, en tout cas ! Surgit une tornade, tout est ravagé, alors on nomme une équipe en quête de rentabilité, et voici que le zoo se déglingue davantage encore et devient un très étrange parc à thème, où rien ne va se passer ainsi qu’on le prévoyait. Entrer dans l’esprit d’un loup, chevaucher le monstre du loch Ness, s’éprendre d’une licorne… Oui, dans Zoo des Chimères, le bizarre, le fabuleux mais aussi le danger vous attendent au détour des pages ! Un ouvrage pareil à une mosaïque, où se dissimulent des passages oulipiens à contraintes de formes. Des textes à lire… et à dire. »


 Je tiens tout d’abord à remercier l’auteure et l’artiste qui a réalisé la couverture ( Mathieu Coudray ) s’ils venaient à passer par là pour leurs magnifiques dédicaces. Comme vous vous en doutez, j’ai acheté ce roman aux imaginales et je ne voulais pas le rater. Le résumé était accrocheur, la couverture sublime et l’idée d’un récit en nouvelle Oulipo me tentait terriblement. C’était le premier livre de ma longue liste que j’ai trouvé sur les stands et je me suis jeté dessus, ce qui m'a permis de discuter avec l'écrivaine et j'ai été ravie de notre échange. J’en attendais beaucoup et je dois dire que mes attentes furent comblées. 

 Ce recueil est constitué de 28 nouvelles, bien que j’hésite à le présenter comme un recueil. En effet, les récits ne sont pas indépendants et, les uns après les autres, ils présentent l’état de ce zoo pour le moins particulier après une catastrophe. C’est un livre qui paraîtra déstabilisant pour ceux qui n’ont pas l’habitude de lire des nouvelles, et encore moins des nouvelles à contraintes. En effet, le mouvement Oulipo ( Ouvroir de Littérature Potentielle ) s’impose des contraintes d’écriture. Ainsi les textes sont soumis à des règles, telles que le lipogramme ou le tautogramme. J’ai même eu le plaisir d’en découvrir que j’ignorai totalement, comme la contrainte du prisonnier. Cela dit l’auteure donne toutes les indications à la fin du livre, vous pourrez donc vous y retrouver sans être spécialiste du mouvement. Certaines contraintes sont plus difficiles que d’autre à trouver mais c’est là aussi le jeu. 

 Ma seule crainte en matière de style était que cet excès de contrainte fasse du tord à la beauté de la langue, mais Chantal Robillard la maîtrise très bien. J’ai apprit qu’elle était conseillère pour le livre au ministère de la Culture et Chevalier des Arts et des Lettres ( Quelle classe ! ) ce qui m’a a demi-étonné, car le texte m’a semblé à la hauteur du prestige. Ce qui est d’autant plus plaisant c’est qu’au delà du titre on ressent une grande humilité. Les textes ont tendance à tourner en dérision quelques contes, n’hésitent pas à faire des références cinématographiques ( Star Wars en l’occurence ) et sont marqués par un humour excellent, car pour ma part j’ai beaucoup rit, ce qui pourra sans doute attirer les lecteurs les moins intéressés par un récit aux formes aussi originales. 

  Mais on ressent également ce que j’aimerai trouver plus souvent dans les oeuvres fantasy. Parfois en lisant un roman de ce genre j’aimerai y retrouver du sens, une philosophie, un sous-texte qui donne une dimension toute autre au roman, comme on peu en trouver dans les classiques. Ici, ce livre a dépassé toutes mes attentes car je n’attendais qu’un simple travail sur la langue. Il y a un petit message que je ne révélerai pas car j’ai été ravie de le découvrir à la fin, mais peut-être trouverez-vous dans ces récits, tout comme moi, des petites histoires qui poussent à réfléchir, sans vous orienter pour autant, ne cherchant pas réellement à imposer un point de vue mais davantage à éveiller une idée en vous, un dilemme, une contradiction qu’il vous faudra démêler par nous même. Peut-être ai-je été la seule à le percevoir ainsi, mais j’ai été ravie par cette invitation à la réflexion si discrète. 

Sans doute est-ce inutile de le préciser, mais ce livre est pour moi un énorme coup de cœur. Je ne doute pas qu’il ne plaira pas à tous, mais à ceux qui aiment la langue, les histoires courtes et les textes littéraires, je pense que j’aurai déjà éveillé votre curiosité. Ce livre est un bonbon à la menthe, un lecture pleine de fraîcheur, plaisante à souhait. Je suis très heureuse de l’avoir découvert et lui réserve une place d'honneur dans ma bibliothèque.


 Impression : Coup de Cœur