dimanche 19 mai 2013

Porcelaine, légende du tigre et de la tisseuse



Porcelaine, légende du tigre et de la tisseuse
Estelle Faye
La bibliothèque voltalique
274  pages


« Chine, vers l’an 200.
Xiao Chen est un comédien errant, jeté sur les routes par un dieu vengeur. Un masque à forme humaine dissimule son faciès de tigre, tandis que son cœur est de porcelaine fêlée. Son voyage va durer plus de mille ans.
Au cours de son périple, il rencontrera Li Mei, une jeune tisseuse, la Belle qui verra en lui plus qu’une Bête. Celle qui, sans doute, saura lui rendre son cœur de chair. Cependant Brume de Rivière, fille-fée jalouse et manipulatrice, intrigue dans l’ombre contre leur bonheur.
Pendant presque quinze siècles, rivalités et amour s’entrecroisent, tissant une histoire de passion, de tendresse et de sacrifice, sur fond de magie et de théâtre. » 

 J’ai acheté ce livre sur un coup de tête voilà quelques mois de cela, entre autre pour la couverture et le beau conte qu’il promettait, mais après coup j’ai eu des réserves, une petite méfiance à l’égard de ce roman qui me semblait un peu trop beau pour être vrai. J’ai fini par m’y mettre à quelques jours des Imaginales, aussi je vais être franche : je ne l’ai pas aimé, mais beaucoup y trouveront leur compte malgré tout. 

 Certes, ce livre a des qualités et c’est pour cette raison que je le crois capable de plaire à beaucoup. Le premier point fort est bien évidement son histoire. On m’a dit que le premier roman de l’auteur était brouillon, et bien celui ci ne l’est pas. La trame est assez bien ficelée, et surtout son format de conte la rend très originale. Inutile de le souligner, bien des lecteurs sont emballés par le résumé alléchant et pour le moins inhabituel de ce roman. A savoir que l’univers s’inscrivant dans la Chine d’antant est très bien maîtrisé. Je n’ai rien trouvé de déroutant, de maladroit. L’auteur n’en dit pas plus qu’elle n’en sait et n’en fait pas plus qu’elle ne peut. 

 Les personnages ont également un certain charme. Li Mei, Brume de Rivière et Xiao Chen sont les acteurs principaux. Pour ma part, Xiao Chen ne m’a plut qu’à partir de la seconde partie du roman. Jusqu’alors sa nature d’adolescent ingénu ( du moins c’est l’impression qu’il m’a donné ) ne m’a absolument pas séduite. Brume de Rivière a une certaine ambiguïté qui la rend intéressante et Li Mei est loin des héroïnes niaises et geignardes aux quelles on a pu nous habituer dans certains genres. 

 Le concept est très bon, ne serait-ce que pour l’histoire qui s’étale sur plusieurs siècles, et à savoir qu’elle s’améliore au fil des parties. Mais quelque chose est venu troubler ma lecture et mon plaisir. La typographie et le style. Si ça peut paraître anodin croyez moi ça ne l’est pas. 

 La typographie d’abord : Estel Faye saute régulièrement une ligne entre ses paragraphes, un peu comme moi dans mes critiques. Si ça offre de la clarté sur le support internet cela crée une rupture dans la lecture sur le format papier, alors que les paragraphes devraient logiquement se suivre. Ce choix saccade la lecture et nous en décroche constamment, du moins ainsi l’ai-je ressentit. 

Quand au style, il m’a énormément déçu. Estel Faye n’est pas mauvaise, mais il y a trop de maladresses, des raccourcis faciles ou de phrases attendues. J’ai noté par exemple l’utilisation à outrance du style indirect libre ( par questionnement et injonctions ) ou le personnage tend à nous assaillir de ses interrogations alors que cette confusion pourrait être exprimée avec plus de délicatesse. C’est, qui plus est, un procédé qui ne s’adapte assez mal au format du conte. 

 Par ailleurs, je n’ai pas trouvé la poésie avec laquelle j’aurai aimé lire cette histoire dans le style, et c’est sans doute ce qui m’a le plus déçue. L’auteur passe très vite sur certains éléments qui pourraient donner de la magie et du plaisir à lire ( par exemple décrire la danse ou les mouvements des doigts de Brume de Rivière, simplement désigné comme « complexe » ) et tout ça n’aide pas à la compréhension de certains évènements.

 Bref, c’est une grande déception parce que j’en attendais beaucoup, notamment sur la concordance entre le style et le récit, mais certains y trouveront leur bonheur. Quoi qu’il en soit ça ne m’a pas emballé, mais je ne peux que vous conseiller d’aller voir d’autre critiques parce que la mienne ne fera sans doute pas l’unanimité. Je n’ai pas pu me plonger dans ce roman et le lire jusqu’au bout a été pénible. J’ai l’impression de l’avoir survolé sans parvenir à l’apprécier.



Impression : Déception 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire