lundi 3 juin 2013

Le songe d'Adam

Le songe d’Adam

Sébastien Péguin
éditions de L’Homme Sans Nom
395 pages


« Allemagne, Forêt-Noire, de nos jours.

C’est dans ce cadre magnifique que s’installent Hugo, chercheur dans le domaine des lettres, et sa fille Morgane, inventive adolescente. Mais la Forêt-Noire est également le cadre de légendes ancestrales, dont certaines seraient peut-être bien plus que de simples légendes…
Et lorsque Morgane commence à percevoir des choses qui ne devraient pas exister et que les fantômes du passé du père et de la fille semblent devenir plus que des souvenirs, l’horreur surgit, et les disparitions au cœur des bois trouvent une explication que l’esprit humain ne peut concevoir… »

 Il faut le reconnaître, ce livre m’a beaucoup tenté. Il me rappelait les romans fantastiques du XIXème siècle, Le Horla entre autre, à l’époque où le fantastique était lié de très près à l’occulte et au terrifiant. La couverture de Magali Villeneuve est sublime ( même si les photos que l’on trouve sur internet ne lui rendent pas hommage. Les couleurs rendent mal ), mais j’hésitais, sans doute par peur d’être déçue. Avoir rencontré l’auteur m’a décrispée et je crois que c’est la meilleure chose qui pouvait m’arriver. De ceux que j’ai acheté, c’est celui au quel je faisais le moins confiance et je n’ai pas été déçue. Décidément je n'ai eu que des bonnes surprise aux Imaginales car c’est un très bon roman du genre. 

 J’avoue n’avoir pas lu de roman fantastique depuis longtemps, mais celui ci répond à tous les codes qui me plaisaient dans ces récits : l’aspect horrifiant, les références à la religion ou à la mythologie et le suspense ; le tout est très bien maîtrisé. Le livre n’a pas de longueurs, du moins je n’en ai pas trouvé. J’ai eu un petit coup de mou à peine perceptible entre la partie une et la seconde, mais qui s’est très vite évaporé. On ne décroche pas facilement du récit. Je l’ai pour ainsi dire lit d’une traite ou peu s’en faut. 

 Parlons de l’horreur. Je l’ai trouvé assez présente dans le roman. Personnellement ça ne m’a absolument pas gêné car c’est un aspect de j’adore, surtout s’il est bien amené et bien décrit. Les deux conditions sont ici remplies. J’ai eu le malheur de lire une bonne partie du roman de nuit et je n’ai jamais autant maudit ma maison grinçante. On a droit à beaucoup de scènes malsaines et d’autre carrément gore, aussi je déconseillerai aux âmes trop sensibles de s’y jeter, mais les amateurs de frissons s’y retrouveront.

 La particularité du roman tient surtout du fait qu’il est remplie de références mythologiques, théologiques et littéraires. Le personnage principal est un professeur en pleine rédaction de thèse et l’intrigue est basée sur des découvertes et des analyses de textes. Certains s’en trouveront agacés et submergés par le flux de références. Il est vrai qu’on a parfois l’impression de lire un livre trop chargé, mais finalement cela ne m’a pas dérangé puisque tout est exploité. Cette insistance m’a donné l’impression que l’élément fantastique à l’origine de tout était plausible et cohérent, autant que peu l’être une telle histoire. On sent qu’il y a eu une réelle recherche pour la création de l’ouvrage. 

 La seule chose qui m’a peut-être dérangé réside dans le traitement des personnages. Hugo et Morgane, sans être désagréables, ne m’ont pas particulièrement marqué. La manière dont Hugo se fait remarquer qu’il est un homme de savoir m’a semblé manquer d’humilité. Au départ, j’ai même eu un doute sur l’âge de Morgane, à cause de sa manière de s’exprimer avec son père, qui m’a fait croire un instant qu’elle aurait aussi bien pu avoir neuf ans. Je trouvais son attitude, ses jeux, trop éloignés de ceux d’une adolescente. Cela dit, ce même personnage m’a intéressé parce que contrairement à certains romans qui en disent le moins possible sur leurs protagonistes pour que les lecteurs s’y identifient, ici, Morgane a des goûts et très personnels, tel que son attrait pour la corrida, un sport que je répugne, mais j’ai apprécié de voir un personnage dont je me détachais, qui avait ses propres goûts et ses propres passions, très différentes des miennes.

 Faisant hommage à Stephen King dans sa dédicace j’étais un peu inquiète car je n’aimais guère le style de cet auteur. Mais le style est travaillé même si on sent la patte du jeune écrivain. Il y a quelques maladresses de répétitions et des descriptions s’attardant sur les pensées des personnages que j’aurai aimé plus implicites, mais de manière générale, il y a un travail plus que correct sur le texte et surtout, l’histoire est très bien raconté, ce qui fait que le lecteur est véritablement plongé dans l’histoire et peut ressentir l’angoisse des personnages. 

 En bref, c’est un très bon roman et premier roman, éloigné de ce que j’ai pu lire dernièrement et qui m’a beaucoup plu malgré quelques petits notes dissonantes, mais je crois qu’il déplaira à beaucoup pour les même raisons qui me l'ont rendu passionnant. Aussi je dirai qu’il n’est pas à mettre entre tous les mains, et est surtout réservé à ceux qui aiment la philosophie, la littérature, le fantastique et l’horreur. 



Impression : Très bonne


3 commentaires:

  1. Depuis le temps que j'ai envie de le lire celui là!

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    1. Surtout fais toi plaisir. C'est un livre qui fournit quelques sensations fortes ! :p

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  2. c'est une bonne découverte :) j'ai particulièrement apprécié l'univers des mythes germaniques, que je ne connaissais pas :)

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